Communiqué du lundi 22 avril 2013

 

Opinions sur l'énergie  :  un sondage
malhonnête du ministère de l'écologie

 
Les questions du "Baromètre d'opinion sur l'énergie et le climat"
sont insidieusement orientées de façon à promouvoir le nucléaire
 
 

Vendredi 19 avril 2013, le Commissariat général au développement durable (dépendant du ministère de l'écologie) a publié son étude biannuelle intitulée "Baromètre d'opinion sur l'énergie et le climat en 2012" (cf http://bit.ly/1172prg )
 
L'Observatoire du nucléaire constate que la façon dont les questions sont posées oriente totalement les résultats de ce sondage : on peut véritablement parler de tromperie et de manipulation de façon à promouvoir le nucléaire.
 
En particulier, il est demandé au sondés à propos du prix de l'électricité : "Quelle augmentation de prix maximale seriez-vous prêt à accepter pour que la France sorte du nucléaire ?"
 
Cette façon de présenter les choses laisse insidieusement penser que seule la sortie du nucléaire est susceptible d'entraîner une hausse du prix de l'électricité, contrairement à la continuation de la production nucléaire qui serait donc indolore, ce qui est totalement faux.

D'ailleurs, le jour même de la publication de ce sondage, le PDG d'EDF annonçait justement que la rénovation des réacteurs nucléaires français, qui sont vieillissants, allait coûter 55 milliards d'euros. Ces dépenses gigantesques vont entraîner de fortes augmentations du prix de l'électricité, lesquelles ont d'ailleurs déjà commencé depuis plusieurs années. La moindre des choses serait d'ailleurs de demander aux citoyens s'ils sont d'accord pour que EDF consacre une fois de plus des sommes astronomiques au nucléaire.
 
Mais, avec les mêmes méthodes insidieuses que celles du ministère de l'écologie, EDF parle d' "investissements" au lieu de "dépenses". Il est d'ailleurs désolant de constater que la quasi-totalité des médias a repris tels quels les "éléments de langage" du PDG d'EDF, accréditant dans l'opinion l'idée qu'arrêter le nucléaire coûte cher mais que continuer le nucléaire nécessite juste "des investissements".
 
Alors que près d'un français sur deux refuse toute augmentation du prix de l'électricité qui serait causée par l'arrêt du nucléaire, il aurait été édifiant de comparer ce résultat avec celui de la même question. concernant le nucléaire : "Quelle augmentation de prix maximale seriez-vous prêt à accepter pour que la France continue à utiliser le nucléaire ?"
 
Il serait de même tout aussi justifié de poser aussi comme question, par exemple :
 
- "Pensez-vous qu'il faut continuer à utiliser l'énergie nucléaire dans la mesure où cela coûte aussi cher que d'arrêter ?" Ou bien :
- "Êtes-vous d'accord pour que EDF dépense 55 milliards pour rénover ses centrales nucléaires ou pensez-vous qu'il faut investir cet argent dans les économies d'énergie et les énergies renouvelables ?"
 
Mais le Ministère de l'écologie se garde bien de poser ces questions et, ayant accrédité l'idée fausse que le nucléaire ne coûte pas cher, il n'a plus qu'à ramasser la mise en constatant que, deux ans après le début de la catastrophe de Fukushima, l'émotion de l'opinion s'estompe et que les prétendus avantages du nucléaire - en particulier son prix prétendument modéré - sont à nouveau mis en exergue.
 
Il aurait pourtant été saisissant de voir les résultats du sondage si l'une des questions avait été : "Pensez-vous qu'il faut continuer à risquer une catastrophe nucléaire en France alors que, finalement, l'électricité est aussi chère avec ou sans le nucléaire ?"
 
Par ailleurs, le sondage prétend que les voitures électriques et hybrides sont "écologiques", ce qui est parfaitement mensonger : tout véhicule est polluant, de par l'énergie et les matières premières nécessaires à sa construction, de par les déchets générés (en particulier pneus et batteries), et du fait de l'énergie nécessaire au déplacement, qu'il s'agisse de carburant pétrolier ou d'électricité, en particulier lorsqu'il s'agit d'électricité nucléaire :  il n'y a peut être pas d'émissions lorsque la voiture électrique fonctionne, mais il y a assurément pollution (rejets radioactifs, déchets nucléaires, etc) lors de la production de l'énergie.
 
En conclusion, il apparaît que le "Baromètre d'opinion sur l'énergie et le climat" n'est qu'un outil de désinformation au service de la politique de l'Etat et tout particulièrement en faveur de l'industrie nucléaire.

 


Observatoire du nucléaire