Observatoire du nucléaire

Revue de presse n°20
Par Stéphane Lhomme

 

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Semaine du vendredi 12 au jeudi 18 octobre 2012



Vendredi 12 octobre



Areva gèle son projet de mine d'uranium en Namibie

Article du Revenu : http://bit.ly/U7C2Sn  

Nous évoquions la semaine dernière l'effondrement du prix de l'uranium, lié à la désaffection du nucléaire dans le monde. Logiquement, divers projets de mines sont annulés - les opérateurs disent « gelés » pour ne pas perdre la face. C'est le cas d'Areva qui « gèle » un projet en Namibie, à Trekkopje. Le désert du Namib attendra donc pour se faire contaminer, et peut-être échappera-t-il carrément aux ravages causés habituellement par Areva...



Samedi 13 octobre



Catastrophe de Fukushima : Tepco couvre l'AIEA et l'ASN française...

Article de RTL.fr : http://bit.ly/SZV65b  
« Fukushima : Tepco passe aux aveux »

On s'en doutait bien, mais c'est aujourd'hui avéré : l'exploitant de la centrale de Fukushima, TEPCO, reconnaît avoir délibérément caché la vulnérabilité de ses installations nucléaires. Attention toutefois : TEPCO ne doit pas servir de fusible pour protéger l'ensemble de l'industrie nucléaire mondiale. En effet, la « sûreté » des centrales nippones a été régulièrement évaluée par diverses instances, à commencer par l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique), dont les contrôles ont donc été totalement défaillants... à moins qu'il n'y ait eu collusion avec les mensonges de TEPCO.

Rappelons en particulier que, après le grand séisme de juillet 2007, qui a mis à mal la plus grande centrale nucléaire du monde à Kashiwasaki (cf http://bit.ly/R8lW6q ), l'AIEA a dépêché une commission pour « tirer les enseignements » de cet événement et évaluer la sûreté des centrales du Japon (cf http://bit.ly/f5cIkb ).

Cette commission a été bien incompétente, ou complice de TEPCO, puisque la catastrophe de Fukushima a pu se produire quelques mois plus tard. Or, qui dirigeait cette mission de l'AIEA ? Un grand "ponte" de l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), M. Phillippe Jamet. Ce dernier ne s'est jamais expliqué sur cette affaire. Et pourtant il reste un des principaux « garants » de la supposée « sûreté » nucléaire en France.

Alors nous n'hésitons pas à dire que TEPCO a bon dos. L'AIEA et l'ASN française sont co-responsables (et donc coupables) de la catastrophe de Fukushima. Ainsi que des catastrophes qui pourraient se produire sous peu dans d'autres centrales, par exemple en France...



Dimanche 14 octobre



Les Lituaniens votent à 62% contre un projet de centrale nucléaire !

Dépêche AFP : http://bit.ly/T3vPa7  
Dépêche Reuters : http://bit.ly/OBUpfN  

La débandade continue pour l'industrie nucléaire mondiale : on ne compte plus les pays qui repoussent le recours à cette énergie (cf référendum en Italie : http://bit.ly/OKpgqB ), ceux qui ont décidé d'arrêter leurs réacteurs à plus ou moins brève échéance (Allemagne, Belgique, Suisse, Espagne, Québec, etc), ceux qui renoncent à construire de nouveaux réacteurs (Tchéquie, aujourd'hui Lituanie), ou ceux qui n'y parviennent pas (Grande-Bretagne, USA, etc)

Et il faut ajouter les réacteurs aux cuves fissurées (rappels : http://bit.ly/QOQGxa et http://bit.ly/PlrJXA ), l'état de déliquescence du parc nucléaire français (cf 15 octobre ci-dessous), les révélations sur la pseudo « sûreté nucléaire » en Chine (cf 17 octobre ci-dessous), etc. Quant au résultat du référendum lituanien, il est vrai qu'il ne s'impose pas obligatoirement au gouvernement, mais il est clair que ce dernier ne pourra aller à l'encontre d'un verdict aussi net...



Fukushima : manifestations antinucléaires dans le monde entier

Reportage France3 : http://bit.ly/QCPp8e  

Comme l'an dernier à la même époque, de nombreuses manifestations antinucléaires étaient organisées ce week-end dans le monde entier. Ces actions étaient organisées à la demande des antinucléaires japonais qui souhaitent légitimement que la mobilisation n'ait pas lieu une seule fois par an autour de la date « anniversaire » du déclenchement de la catastrophe (11 mars 2011).

Pour mémoire, la population japonaise se bat contre la remise en marche des 48 réacteurs arrêtés et pour l'arrêt des deux seuls à avoir été remis en service. La moindre des choses est donc de se mobiliser chez nous pour la fermeture immédiate des réacteurs qui ont dépassé 30 ans, leur durée de vie prévue à l'origine par EDF. C'est le cas par exemple au Blayais (Gironde), avec la mobilisation de l'association Tchernoblaye ( http://tchernoblaye.free.fr ).



Lundi 15 octobre



Effondrement clandestin du parc nucléaire français !

Article de LaTribune.fr : http://bit.ly/Qn7WpW  
« La très faible disponibilité du parc nucléaire booste le charbon en France »

C'est une information cruciale, et pourtant elle ne fait la Une d'aucun média : les « performances » du parc nucléaire français sont catastrophiques, et ce depuis des mois. Il ne s'agit pas ici de faire la promotion du parc nucléaire des USA, composé de réacteurs tout aussi dangereux que ceux que l'on trouve en France, cependant, à titre de comparaison, son taux de disponibilité est continuellement aux alentours de 90% (cela signifie que, en moyenne, un réacteur des USA fonctionne 9 jours sur 10).

Depuis des années, le parc nucléaire français a des performances bien plus faibles, aux environs de 80%, avec même un passage à 78% en 2009. Or, 10 à 12% de disponibilité en moins, c'est tout simplement gigantesque, surtout quand on sait qu'un réacteur arrêté pendant un jour coûte 1 million d'euros...

EDF a officiellement pour objectif de remonter à 85%. Or, au détour d'un article (merci à LaTribune.fr), on apprend que « pour le quatrième mois consécutif, le coefficient de disponibilité des centrales nucléaires françaises se situe à un niveau particulièrement bas : 67,4 % ». Avec comme conséquence le recours à des centrales au charbon : la peste sauvée par le choléra ! 67% pendant 4 mois, c'est une disponibilité d'une faiblesse sidérante : le parc nucléaire français est en état de désagrégation ! Bien sûr, c'est à la fin de l'année que l'on aura le chiffre définitif mais, comme par hasard, il est bien difficile de trouver des données sur le premier semestre.

Pour ce qui est de la fin de l'année, nous signalions la semaine dernière une dépêche de Reuters informant que « En France, un tiers des centrales sont arrêtées pour maintenance et les retards de remise en activité s'accumulent depuis six mois » Cela signifie que la disponibilité du parc français risque fort de rester très mauvaise cet hiver, avec au menu, des risques de pénurie lorsqu'il fera froid, et dans tous les cas de lourdes pertes financières pour la France. Et la tentation pour EDF de faire fonctionner des réacteurs qui devraient être arrêtés suite à des incidents ou pour maintenance. Tout cela va (très) mal finir...



Fermeture de Fessenheim : cherche personne qualifiée... et rapide !

Dépêche AFP : http://bit.ly/TmmZPe
« Une personnalité qualifiée pour préparer la fermeture de Fessenheim »
Article de LaTribune.fr : http://bit.ly/OHhnSC  
« Il faut cinq ans pour mettre légalement à l'arrêt un réacteur ! »

Le nouveau Président de la République a annoncé que la centrale nucléaire de Fessenheim serait fermée au plus tard le 31 décembre 2016, c'est à dire dans 4 ans et quelques semaines. Problème, le chef actuel de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) annonce qu'il faut... 5 ans pour fermer légalement un réacteur. Autant dire que c'est déjà trop tard !

Aux dernières nouvelles, le gouvernement chercherait justement une personnalité « qualifiée » pour superviser la fermeture de Fessenheim. Mais on ne connait pas pour le moment le processus de qualification. Un concours de saut à la perche ? Dans ce cas, attention, le vainqueur serait probablement Jean Galfione, ex-champion perchiste, aujourd'hui grassement rémunéré par Areva (ni l'argent ni la radioactivité n'ont d'odeur, cf http://bit.ly/S7rSyA ).

Un spécialiste du 110 mètres haies serait probablement indiqué, vu les embûches à prévoir et du fait du délais déjà trop court. Mais le vainqueur serait alors Ladji Doucouré, lui aussi acheté par Areva ( idem : http://bit.ly/S7rSyA ), assurément du fait de ses origines afin pour promouvoir la « beauté » des mines d'uranium d'Areva en Afrique (cf http://bit.ly/z9hM5P )...

Dans tous les cas, il serait temps que la personne « qualifiée » soit rapidement connue, car bientôt il restera moins de 4 ans pour parvenir à la fermeture de Fessenheim, fermeture de plus en plus virtuelle... (cf revues de presse précédentes)



Dans les entrailles du premier cimetière nucléaire

Article du Monde : http://bit.ly/Qi23bb  

Bravo au Monde pour ce reportage édifiant. On retiendra en particulier l'incommensurable suffisance du responsable de ce cimetière nucléaire souterrain, qui écarte d'un revers de main tout risque, et ce pour des dizaines de milliers d'années. Cyniquement, il ajoute « Si on ne voit plus les déchets, la peur se dissipe ».

Il n'explique cependant pas comment nos arrière-arrière-arrière-...-arrière-petits-enfants pourront faire pour lui botter les fesses, puisqu'il sera mort depuis longtemps. Le cynisme des pronucléaires est ici bien synthétisé : ils vont s'arranger avec leur conscience en laissant à proximité de leur cimetière nucléaire des dolmens et des avertissements en plusieurs langues dont le Navajo. Sans rire.

Sachant la difficulté que nous avons eu à comprendre les hiéroglyphes égyptiens, et sachant que les archéologues n'ont eu de cesse de chercher à pénétrer dans les pyramides et d'aller voir ce qu'elles cachaient, il n'est pas difficile de deviner que nos descendants seront mis en grave danger par les déchets radioactifs que leur laissent les pronucléaires d'aujourd'hui. Sans oublier que le drame pourrait se produire bien plus vite qu'on ne le pense (cf http://bit.ly/TBpMnM )



Cattenom et l' "effet frontière"...

Article de Lorraine actu : http://bit.ly/Rwk21Y  
« Nouvel incident sur deux réacteurs de la centrale nucléaire »
Article de Zegreenweb :
http://bit.ly/SVAWat  
« La centrale nucléaire de Cattenom, l’autre Fessenheim »

Le cynisme des pronucléaires étant sans limite, les centrales nucléaires sont très souvent installées près des frontières. Le cas le plus emblématique reste celui de la centrale ukrainienne de Tchernobyl : c'est la Biélorussie voisine qui a été le pays le plus contaminé ! Certes, une catastrophe nucléaire touche un continent entier, mais il est clair que plus on est près, plus on a de « chances » d'être gravement contaminé.

En France, on se souviendra que Superphénix (Isère) était installé à proximité de la Suisse et de l'Italie ( cf http://bit.ly/OrUPRT ). Le danger reste maximal pour l'Allemagne et la Suisse à cause de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin). Les 6 réacteurs de Gravelines (Nord) menacent directement la Belgique et la Grande-Bretagne.

La centrale de Chooz (Ardennes) est, elle, incroyablement installée dans une enclave complètement cernée par la Belgique ! (cf http://bit.ly/RGPebU ). Enfin, les Luxembourgeois (historiquement très antinucléaires) vivent de plus en plus mal la présence à leur frontière de la centrale de Cattenom (Moselle) qui semble vieillir encore plus mal que les autres centrales françaises (c'est dire)...



Humour : la France nucléaire compte exporter !

Article du Figaro : http://bit.ly/Ruiy57  

Essayez de ne pas vous étouffer de rire en lisant ceci : le Conseil de politique nucléaire (CPN), présidé par François Hollande, «réaffirme la confiance de la France dans sa technologie et son industrie nucléaires ainsi que son ambition de développer une filière nucléaire à l'export, sur la base du plus haut niveau de sûreté».

Pour mémoire, la France a vendu un seul réacteur en 20 ans, à ces malheureux Finlandais qui s'en mordent les doigts depuis ( http://bit.ly/T2NKaS ). Les derniers pays à avoir encore (pour combien de temps?) des projets de nouveaux réacteurs prennent bien soin d'écarter le réacteur français EPR, comme dernièrement Abou Dhabi, les USA, la Tchéquie, la Finlande (forcément), etc. Que peut donc exporter M. Hollande et son CPN ? Des réacteurs ruineux et impossibles à construire, des cuves fissurées, des taux de disponibilité en chute libre, etc...



Dramatique vague de suicides à Areva - La Hague

Dépêche AFP : http://bit.ly/QPuezK  
Rappel dépêche AFP 26 septembre :
http://bit.ly/WiZAEE  

Difficile cette fois de rire face à une telle information. Dans son ouvrage « L'insécurité nucléaire » (2006), l'auteur de la présente revue de presse alertait déjà sur la dégradation du moral des travailleurs du nucléaire, accompagnant celle des installations qu'ils essaient tant bien que mal d'entretenir ( cf http://tchernobyl.en.france.free.fr/salaries.htm ). Cette situation dramatique n'empêche pas Pôle emploi de proposer aux chômeurs d'aller se faire irradier dans les centrales nucléaires voire même dans les sous-marins atomiques... (cf http://bit.ly/TeYRDK )



Mardi 16 octobre



Mines d'uranium : Criirad ou Montebourg ?

Article de LaTribune.fr : http://bit.ly/V6Xa78  
« Montebourg veut ouvrir des mines en France »
Communiqué :
http://bit.ly/OFjypL  
Création du « Collectif mines d'uranium »

Après s'être ridiculisé en avançant que le nucléaire était « une énergie d'avenir », l'impayable « ministre du redressement productif » continue dans les absurdités : il veut maintenant ouvrir des mines en France. Il ne semble pas savoir que le territoire français est toujours parsemé d'anciennes mines d'uranium qui contaminent les territoires, les lacs, les rivières, et que la première chose à faire serait de prendre en charge ces problèmes pour essayer d'en limiter enfin les conséquences.

Justement, à l'initiative de la Criirad ( http://www.criirad.org ) vient d'être lancé un « Collectif mines d'uranium » à travers une « Déclaration commune des associations luttant contre les effets environnementaux et sanitaires des mines d'uranium en France et au Niger ». Car, faut-il le rappeler, l'industrie nucléaire française n'a pas seulement contaminé l'Hexagone, mais aussi divers pays d'Afrique, en particulier le Niger, et cela continue aujourd'hui encore. Nous vous invitons à soutenir la Criirad qui, une fois de plus, fait un remarquable travail citoyen.



Mercredi 17 octobre



Pékin reconnaît que la « sûreté nucléaire » chinoise est défaillante !

Article du Monde : http://bit.ly/V6WyOQ  
Dépêche AFP : http://bit.ly/QUUngE  

La surprise n'est pas que les centrales nucléaires chinoises soient dangereuses : elles le sont forcément... puisque ce sont des centrales nucléaires. Non, la surprise est que les autorités chinoises reconnaissent cette réalité et, mieux, qu'elles le fassent publiquement. Il faut bien sûr être prudent car, comme c'est le cas par exemple en France, les autorités qui reconnaissent des défaillances le font en jurant que "tous les enseignements seront tirés" et que la sûreté sera bientôt "parfaite".

Cependant, il semble que les dirigeants chinois soient réellement inquiets, moins d'ailleurs pour la population que pour leur maintien au pouvoir. L'oligarchie de Pékin n'ignore pas que la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, si elle est loin d'être la seule cause de l'effondrement de l'URSS, a néanmoins joué un rôle crucial (et souvent sous-estimé) dans ce bouleversement historique majeur (lire par exemple : http://bit.ly/ONOHaT )

Il est donc possible que les dirigeants chinois veuillent vraiment s'éviter une catastrophe nucléaire, surtout lorsque l'on sait que, même si tous les réacteurs programmés sont vraiment construits (ce qui est de plus en plus improbable), l'atome ne produira pas plus de 5% de l'électricité chinoise : une part finalement infime, qui correspond à peine à 1% de la consommation d'énergie du pays.

Il est une nouvelle fois avéré que la contribution du nucléaire à l'énergie d'un pays est inversement proportionnelle au danger qu'il crée. Rappelons enfin que la seule façon d'éviter une catastrophe nucléaire est de stopper au plus vite l'ensemble des centrales et autres installations atomiques...



Jeudi 18 octobre



Iter, une victoire à la Pyrrhus pour la France

Article de Cdurable.info : http://bit.ly/R34bFv  

S'il on met de côté quelques formules ridicules comme « le savoir-faire français dans la filière nucléaire », cet article est intéressant en ce qu'il reconnaît le désastre financier que constitue pour la France la construction du réacteur ITER. L'auteur, pourtant clairement favorable à Iter, n'en finit plus de lister les surcouts pour les finances françaises et les opportunités... obtenues par les autres pays, à commencer par le Japon.

La vanité sans limite des pronucléaires français est une fois de plus démontrée, ainsi que celle des hommes et femmes politiques qui les soutiennent, à commencer par le dénommé Jacques Chirac qui a tant fait pour qu'Iter soit construit en France. On notera enfin que l'auteur se garde bien d'évoquer les perspectives scientifiques du projet, se contentant d'avancer de façon floue qu'il s'agit « de faire progresser la recherche ». En réalité, avant même la construction du réacteur, l'échec scientifique est d'ores et déjà quasiment certain. Nous y reviendrons.

 


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