Observatoire du nucléaire

Revue de presse n°2
Par Stéphane Lhomme

Semaine du vendredi 8 au jeudi 14 juin 2012

 

 

Vendredi 8 juin 2012

 

Un an après Fukushima, la croissance japonaise s'accélère

Le Figaro : http://bit.ly/L7PgHR

Le Figaro retrouve le moral : « Un an après Fukushima, l'économie japonaise va mieux. Entre janvier et mars, le PIB de l'Archipel a progressé de 1,2% alors que les données gouvernementales préliminaires dévoilées en mai tablaient sur une hausse de seulement 1% ». Signalons que Fukushima n'est pas un exemple à suivre pour ceux qui espèrent faire revenir la croissance en France !

 

La "croissance" pourrait arriver par Fessenheim

L'Alsace : http://bit.ly/KuACHS

Curiosité à la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin)  : « Lors des opérations de redémarrage du réacteur, huit grappes de commande (un des outils de régulation de la puissance du réacteur), sur 48, ont été détectées « dans une position légèrement plus basse » que la position requise par les règles d’exploitation. ».

Vu que, depuis Tchernobyl (1986), on sait que les nuages radioactifs traversent les frontières, la centrale de Fessenheim pourrait « relancer la croissance » aussi en Allemagne et en Suisse, et probablement en Italie, Autriche, Luxembourg, Belgique, etc.

 

Effets d'annonce: le Nigéria participe au concours

Forum nucléaire suisse : http://bit.ly/KuC9NV

Comme expliqué précédemment (voir la revue de presse de la semaine dernière), les pronucléaires du monde entier rivalisent d'effets d'annonce qui, heureusement, ne se concrétisent pratiquement jamais. Aujourd'hui, ce sont les « élites » du Nigéria qui annoncent la construction de 1 à 4 réacteurs nucléaires d'ici 2020 à 2030 (ça ne mange pas de pain).

Pour mémoire, le 28 novembre 2006, une dépêche AFP nous apprenait ceci « Selon Franklin Osaisai, directeur général de la Commission sur l'énergie nucléaire du Nigeria, (...) le Nigeria souhaitait être en mesure de produire de l'énergie nucléaire d'ici 10 à 12 ans », c'est à dire d'ici 2016 à 2018. Aujourd'hui c'est d'ici 2020 à 2030. Verdict : plus le temps passe, plus l'objectif s'éloigne !

Pendant ce temps, des « irresponsables » suggèrent que les pays émergents développent plutôt les énergies renouvelables, ce qui les aiderait à s'affranchir de la pression politique et technologique des anciennes puissances coloniales...

 

Japon : le paysan ruiné face au nucléaire

Citizenside : http://bit.ly/KEgYiN

Il faut croire qu'une catastrophe nucléaire comme celle de Fukushima n'a pas que des effets bénéfiques sur la croissance : des paysans qui ont tout perdu viennent témoigner publiquement dans la rue en plein Tokyo.

Pendant ce temps, « la haute autorité du nucléaire nippon, le NISA, envisage d'accorder des autorisations d'exploitations des centrales au-delà des quarante ans initialement prévus ».

Pour mémoire, le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima aurait dû être arrêté définitivement un mois avant la catastrophe du 11 mars 2011, mais une prolongation de sa durée de fonctionnement avait été accordée malgré des alertes concernant son état (cf Le Monde, http://bit.ly/LTAzaF )...

 

Le réchauffement climatique menace les centrales nucléaires

Le Figaro (Bourse) : http://bit.ly/LCb8bo

Depuis sa création, l'Observatoire du nucléaire ne cesse de contester l'argument pro-atome selon lequel les centrales nucléaires permettraient de lutter contre le réchauffement climatique : la réalité est exactement inverse, c'est le réchauffement qui s'attaque aux centrales. Voir par exemple le dossier publié par l'Observatoire en mai 2011 ( http://bit.ly/jV1CGp ), qui avait donné lieu à de nombreux articles de presse (cf http://www.observatoire-du-nucleaire.org ).

Pour mémoire, des précipitations inespérées en juin et juillet 2011 ont évité de peu l'arrêt de nombreuses centrales nucléaires. Rendez-vous dès cet été ou lors des étés suivants : le processus est inéluctable...

Félicitons Le Figaro qui, cette année, prend les devants, mais notons néanmoins que c'est la rubrique « bourse » qui s'y colle : probablement parce qu'une canicule estivale pourrait faire encore baisser l'action d'EDF, laquelle est pourtant déjà dans l'ère glaciaire (80% de pertes, voir la revue de presse de la semaine dernière).

 

 

Samedi 9 juin 2012

 

Le Limbourg (Hollande, mais pas François) veut fermer une centrale belge !

7sur7.be : http://bit.ly/KfMxhM

Dédaignant la "croissance" que pourrait lui apporter un Fukushima belge, la province néerlandaise du Limbourg réclame la fermeture de la centrale nucléaire de Tihange. Belle preuve de lucidité, immédiatement contredite par une autre exigence : en attendant cette éventuelle fermeture, le Limbourg demande « un dépôt de pilules d'iode ».

Il y a donc des gens en Hollande (Pays-Bas) qui croient que l'ingestion d'une pilule pourrait les sauver en cas de désastre atomique. Après tout, il y a bien des gens en France qui croient que Hollande (François) est opposé au nucléaire...

 

Nucléaire : des opportunités avec le Royaume-Uni

Le Journal de Saône-et-Loire : http://bit.ly/KYsipH

Le réacteur français EPR ne doit pas être aussi mauvais que certains veulent bien le dire (voir la revue de presse de la semaine dernière) puisqu'on nous apprend que "les britanniques" veulent en acheter et construire 4 exemplaires.

La réalité est bien différente : British energy (l'EDF local) ne voulait PAS acheter d'EPR. Alors EDF s'est tout simplement offert British energy (cf http://rfi.my/KviCiq ) et, miracle, maintenant « les britanniques » veulent acheter des EPR.

C'est donc la France qui vend des EPR à la France. Du coup, au Pôle nucléaire de Bourgogne, en Saône-et-Loire, on se réjouit de ce « succès commercial » qui pourrait préserver des emplois (en sursis depuis Fukushima).

Pour la petite histoire, EDF a payé British energy en 2008 à un prix fou, plus de 15 milliards d'euros, juste avant le déclenchement de la crise mondiale : quelques mois plus tard, cela aurait coûté 4 ou 5 fois moins. Au passage, nous (les français) sommes devenus propriétaires de très vieilles centrales nucléaires britanniques souvent en panne. Mais, pour les remplacer, nous pouvons désormais nous vendre nos propres réacteurs...

 

Fukushima : le premier ministre accusé d'avoir aggravé la situation... en téléphonant à la centrale !

Dépêche Associated Press sur Métro.fr : http://bit.ly/KnfAS3

On commence enfin à savoir qui sont les vrais responsables de la catastrophe de Fukushima. Tepco, le propriétaire de la centrale, qui avait falsifié les données de sûreté ? Non. Le français Areva, qui avait fourni du combustible au plutonium ? Non plus. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui avait certifié de la sûreté de la centrale face aux évènements naturels ? Pas plus.

En réalité, le principal coupable est Naoto Kan, le premier ministre japonais au moment du désastre. Il a en effet passé « plusieurs appels téléphoniques à la centrale de Fukushima, dérangeant les travailleurs et entraînant du même coup une plus grande confusion ». C'est ce que pointe sans rire une commission parlementaire japonaise.

On rappellera toutefois que, dès le début de la catastrophe, Tepco voulait abandonner la centrale en perdition (cf http://bit.ly/LUtc7o ) et que c'est Naoto Kan qui s'était opposé à ce projet criminel (cf http://bit.ly/JPdoT4 ). On peut donc penser qu'il a très bien fait de téléphoner à la centrale pour savoir ce que Tepco projetait !

Depuis, Naoto Kan a quitté le pouvoir et se prononce contre le nucléaire (cf http://bit.ly/Lu7ung ). Ce qui explique assurément pourquoi les parlementaires japonais s'en prennent à lui...

 

 

Dimanche 10 juin 2012

 

Centrale nucléaire : une journée de prévention... routière !

L'Est Eclair : http://bit.ly/Lf9vmZ

Avec le nucléaire, le danger n'est pas où l'on croit. Ainsi, la centrale de Nogent-sur-Seine mène de louables opérations de prévention... routière. Fort bien, mais pour le risque nucléaire, on fait comment ? On appelle la Sécurité routière ? Pas si bête : lorsque qu'une centrale aura fissionné et que tout le monde tentera de s'échapper en voiture, il y aura bien besoin de Bison fûté ( www.bison-fute.equipement.gouv.fr ) !

 

 

Lundi 11 juin 2012

 

Fukushima, le pire encore à venir ?

Article sur Agoravox : http://bit.ly/LiYpyO

Remarquable compilation par l'excellent Olivier Cabanel des données les plus récentes sur la situation de la centrale nucléaire de Fukushima et, en particulier, sur la piscine combustible du réacteur numéro 4.

Pour mémoire, cette piscine, qui contient le nombre insensé de 1535 assemblages de combustible nucléaire usé, est très fragilisée. Si elle s'effondre, ce qui peut se produire à chaque instant, c'est probablement la fin du Japon, d'une partie de l'Asie, et peut-être du monde entier. Désolé de dire les choses aussi crûment mais c'est la triste réalité.

 

L'Usine nouvelle ne connait que le débat à l'ancienne

Article de l'Usine nouvelle : http://bit.ly/LkAU8L
« Le nucléaire anticipe le débat sur la transition énergétique »

Pour ceux qui ne connaissent pas, l'Usine nouvelle est un magazine spécialisé dans l'industrie, et doté comme il se doit d'un site web (http://www.usinenouvelle.com ) sur lequel on peut lire des articles intéressants... mais assez orientés.

Par exemple, il y est question du prochain « débat national sur l'énergie », une sorte de « Grenelle de l'environnement » à la sauce néerlandaise, nous y reviendrons.

En attendant, l'Usine nouvelle traite du nucléaire et, pour ce faire, donne la parole à EDF, à AREVA, à l'Agence internationale de l’énergie atomique, et à l'expert autoproclammé Jacques Percebois, pronucléaire forcené. Pas le moindre point de vue critique sur l'atome ! Usine nouvelle, méthodes anciennes...

 

Le nucléaire US menacé de constipation

Article du Journal de l'environnement : http://bit.ly/LDVxxz
« Où mettre les déchets américains les plus radioactifs? »

Le Journal de l'environnement se penche sur la question insoluble des déchets nucléaires, en l'occurrence aux USA. Peu compréhensive, la Cour fédérale d’appel du district de Columbia a interdit aux exploitants de stocker les déchets nucléaires dans des caissons qui, il est vrai, ne sont... absolument pas prévus pour ça.

Si l'industrie nucléaire ne peut plus bafouer les lois et règlements, où va-t-on ? Du coup, ces gens peu prévoyants se retrouvent avec, sur les bras, 135 000 tonnes de déchets ultra-radioactifs. Il reste à attendre leurs prochaines propositions face à ce problème insoluble

 

Mardi 12 juin 2012

 

EPR : c'est encore loin l'Amérique ?

Article de CercleFinance : http://bit.ly/NlMFyw
« Avancée de la certification de l'EPR aux Etats-Unis » 

Bien que confronté à des déboires incommensurables en Finlande et à Flamanville (voir revue de presse de la semaine dernière), voici enfin une « bonne » nouvelle : l'EPR se rapproche de la certification aux USA.

Explication : pour être construit dans un pays, un réacteur doit d'abord y être certifié par l'Autorité de sûreté nationale. Il reste ensuite à trouver des endroits accueillants, ce qui n'est pas gagné, mais la première étape est bien de recevoir la certification. Ce pourrait donc être le cas pour l'EPR, aux USA, fin 2014.

Mais l'Observatoire du nucléaire a consulté ses archives. Ainsi, dans une dépêche AFP du 7 novembre 2007, Mme Lauvergeon pensait « démarrer en 2010 la construction du premier EPR américain ». Le 18 juin 2009, dans une nouvelle dépêche AFP, la même Mme Lauvergeon annonçait « une homologation attendue pour 2011 ».

Aujourd'hui, ce serait donc pour « fin 2014 ». Conclusion : l'EPR avance, certes, mais le bout du tunnel avance plus vite.

 

Hollande soutient la Françafrique et le lobby nucléaire

Communiqué : http://www.observatoire-du-nucleaire.org
Article de La Tribune.fr : http://bit.ly/LDYmP9

Nous ne nous attarderons pas sur le cas de François Hollande qui n'a jamais caché être pronucléaire. Par contre, dans son communiqué, l'Observatoire pose la question des ministres Verts (EELV) : assument-ils d'être dans un gouvernement qui va accélérer la destruction du Niger par les mines d'Uranium d'Areva ? Le tout pour alimenter les réacteurs nucléaires français en uranium ?

D'autant que l'un de ces ministres, Pascal Canfin, est chargé du « Développement » (c'est le nouveau nom de la « Coopération »). Il est vrai que le nouveau président du Niger, installé avec l'aval de la France (dont les forces armées sont présentes en force dans la région), M. Issoufou, était auparavant un cadre... d'Areva.

 

Mercredi 13 juin 2012

 

Niger : EELV fait dans la langue de bois
Communiqué EELV : http://bit.ly/M2wjn9

De toute évidence, pour faire son communiqué sur le Niger, EELV a consciencieusement pillé l'article d'hier de la Tribune.fr, qui néanmoins été complété à grand renfort de langue de bois.

Ainsi, au lieu de se prononcer contre la prochaine ouverture de la mine d'Imouraren, catastrophe environnementale et sanitaire mise sur orbite par François Hollande (le nouveau patron de Mme Duflot et de M. Canfin), EELV évoque « l'exemplarité française » et le respect par Areva des « normes sociales définies par l’OIT ».

La conclusion relève carrément du grand art : la France doit « s’engager dans une transition énergétique qui l’amènera à réduire sa dépendance à l’uranium. ». Autrefois, les Verts parlaient de « Sortie du nucléaire ». Maintenant qu'ils sont modernes (et dotés de ministres), il n'est plus question que de « réduire sa dépendance à l'uranium ». Voilà qui ne froissera ni Areva ni Hollande...

 

Nucléaire au Japon : l'AFP coince à 10%

Dépêche AFP : http://bit.ly/NmgmQ4
« Japon: la part nucléaire dans l'électricité a chuté à 10,7% après Fukushima »

Depuis le 6 mai dernier, les 54 réacteurs japonais sont arrêtés. La part de l'atome dans la production nippone d'électricité est donc égale à 0%. Logique. Sauf pour l'AFP qui coince à 10%. Certes, en l'occurrence, elle ne fait que reprendre la propagande des industriels de l'atome mais, justement, on pourrait attendre de ce grand organisme de presse une enquête un peu plus poussée...

 

Jeudi 14 juin 2012

 

Nucléaire au Japon : Hitachi reste motivé, Toshiba aussi

Dépêche AFP : http://bit.ly/NAs2h0
« Hitachi veut doubler ses revenus tirés de l'énergie nucléaire d'ici à 2021 »

Deux conglomérats nippons annoncent qu'ils croient très fort dans l'avenir du nucléaire et comptent même faire de l'argent dans ce secteur, qui était pourtant sinistré avant même la catastrophe de Fukushima, et l'est encore plus depuis.

Justement, c'est en participant « au démantèlement des installations ravagées du complexe atomique de Fukushima » que Hitachi pense faire des profits, comme quoi, une fois de plus, il est démontré que les catastrophes sont porteuses pour les multinationales. Il faudrait néanmoins que quelqu'un avertisse Hitachi que le désastre est toujours en cours... Le business attendra.

Depuis août 1945, avec les bombardements atomiques d'Hiroshima (au moins 70 000 morts immédiats) et de Nagasaki (au moins 40 000 morts immédiats), les USA et le Japon coopèrent dans le nucléaire. C'est ainsi que Hitachi est allié à General electric alors que Toshiba a carrément racheté Westinghouse. A ce compte, pourquoi ne pas transporter au Japon les déchets nucléaires des USA ?

 

Japon : en route pour un deuxième Fukushima ?

Dépêche AFP : http://bit.ly/LbhMeN
« Japon: décision de relance de 2 réacteurs nucléaires attendue cette semaine »

Les pronucléaires se seraient-ils donné pour mission de nous tuer tous, quitte à y passer eux-mêmes ? A Fukushima, la piscine du réacteur 4 résiste encore (voir la revue de presse de la semaine dernière), mais le pire est hélas encore possible.

Le lobby nucléaire semble décidé à multiplier les possibilités de nouveau désastre en relançant deux réacteurs au Japon, dans la province de Fukui. Mauvais présage, cela commence comme Fukushima : espérons que ça ne se terminera pas de la même façon...

 

A la semaine prochaine...


Observatoire du nucléaire