Observatoire du nucléaire - Communiqué du jeudi 10 janvier 2013

 

L'Observatoire du nucléaire accuse le CNRS de tromperie

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Le 7 janvier 2013, le CNRS a annoncé ( http://www2.cnrs.fr/presse/communique/2933.htm ) par communiqué la publication d'un document multimédia sur le nucléaire, prétendant que "Cette animation donne au grand public des clés pour mieux comprendre la problématique du nucléaire et ainsi participer au débat qui se déroulera de janvier à avril 2013."

Le CNRS pouvait éventuellement prendre position en faveur de l'atome, mais à condition de le faire de façon affichée et assumée. Au contraire, jouant de toute évidence de son statut d'organisme public, le CNRS laisse habilement penser que le contenu de son document est non partisan et ne fait que présenter de façon neutre et honnête les éléments du débat sur le nucléaire. Il s'agit d'une tromperie délibérée.

Le document du CNRS navigue entre réécriture de l'Histoire et propagande insidieuse. D'ailleurs, dès l'introduction, le ton est donné avec la mise en exergue d'un slogan : "La fission de 1 gramme d'uranium 235 produit autant d'énergie thermique que la combustion de 1,6 tonne de fuel ou de 2,8 tonnes de charbon", évacuant comme par magie l'impact - des mines d'uranium jusqu'à la production de déchets radioactifs - de l'utilisation de ce gramme d'uranium.

L'utilisation de ce slogan ne relève aucunement d'une information pédagogique en direction du grand public, mais tout simplement de la propagande. A titre indicatif, si le document du CNRS avait été rédigé honnêtement, il se serait ouvert sur une phrase du genre :"L'énergie nucléaire : des avantages et des inconvénients, et un grand débat de société". A condition toutefois que l'ensemble soit impartial.

L'Observatoire du nucléaire publie une critique point par point du document du CNRS, démasquant de nombreuses tromperies, souvent habiles comme les mensonges par omissions. Par exemple :

- Le CNRS justifie l'option nucléaire par "la diversité géographique et politique des pays producteurs d'uranium", oubliant délibérément que, depuis 40 ans, la France utilise prioritairement l'uranium du Niger qu'elle s'accapare à un tarif dérisoire : aujourd'hui encore, le Président du Niger n'est autre qu'un ancien directeur… d'une filiale d'Areva !

- Le surgénérateur Superphénix n'est évoqué que pour signaler qu'il est en démantèlement, le CNRS censurant l'échec catastrophique de ce prototype qui n'aura réussi qu'un seul "exploit" : désintégrer 10 milliards d'euros.

- Le réacteur EPR de Flamanville (Manche) est évoqué mais… en oubliant totalement de signaler le retard de 5 ans du chantier, les nombreuses malfaçons détectées, et en minimisant l'ampleur du surcoût. Au contraire, l'EPR est valorisé - "son intérêt réside dans sa très grande sûreté"- alors que les péripéties du chantier et la conception (datant du début des années 90) laissent au contraire craindre le pire.

- la fusion nucléaire est présentée comme "un rêve qui justifie les moyens colossaux mis en œuvre par ses promoteurs", le CNRS valorise le projet ITER en oubliant de préciser qu'il a été condamné par trois Prix Nobel de Physique, dont les français Pierre-Gilles de Gennes et Georges Charpak (cf http://reacteur.iter.free.fr ).

Par ailleurs, les catastrophes nucléaires sont présentées comme d'excellentes opportunités pour "tirer des enseignements" et "améliorer encore le sûreté des réacteurs", et le nombre de morts causés par Tchernobyl est celui de l'AIEA, "moins de 50", le CNRS faisait fi des estimations alternatives (jusqu'à 200 000 décès).

L'Observatoire du nucléaire demande au CNRS d'afficher clairement son engagement partisan en faveur de l'atome ou, mieux, de remplacer son document par un autre qui soit, cette fois-ci, réellement honnête et non-partisan.

 


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