Observatoire du nucléaire - Communiqué du 18 mars 2015

 

Incidents à la centrale de Fessenheim :

EDF a menti à l'Autorité de sûreté nucléaire

 

Aucune sanction n'est prévue à ce jour contre EDF, l'Autorité de sûreté n'a aucune… autorité

 


L'Observatoire du nucléaire attire l'attention de l'opinion publique sur un courrier sidérant de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) daté du 12 mars 2015 (*). Pour mémoire, une fuite survenue le 28 février 2015 vers 17h30 a conduit EDF à stopper le réacteur n°1, entraînant l'arrêt complet de la centrale puisque le réacteur n°2 était déjà hors fonction.

L'Autorité de sûreté nucléaire a alors mené une inspection « suite à événement », le jeudi 5 mars 2015. A cette occasion, EDF a affirmé aux inspecteurs que la tuyauterie concernée ne serait pas remise en service "avant plusieurs semaines". Or, à peine les inspecteurs avaient-ils tourné les talons que le tuyauterie était immédiatement remise en service… et occasionnait une nouvelle fuite !

Vous avez indiqué aux inspecteurs avant leur visite de terrain que le tronçon de tuyauterie 1 ANG 000 TY rompu avait été remplacé mais que la ligne ne serait pas remise en service avant plusieurs semaines. Contrairement à cette information, vous avez remis en service la tuyauterie 1 ANG 000 TY le 5 mars 2015 vers 12h25. Cette remise en service a provoqué la rupture de la tuyauterie à 12h28.

C'est avec étonnement que l'on peut constater que la directrice de la division de Strasbourg de l'ASN ne se formalise pas outre mesure de cette tromperie éhontée de la part d'EDF puisque, en fin de courrier, elle manie l'euphémisme en parlant d' "information contraire" au lieu de dénoncer un véritable mensonge de la part d'EDF :

Je vous demande de m’indiquer les circonstances de la remise en service de la tuyauterie 1 ANG 000 TY le 5 mars 2015 à 12h28, et les raisons pour lesquelles une information contraire a été donnée aux inspecteurs de l’ASN.

L'Observatoire du nucléaire dénonce avec la plus grande fermeté la faiblesse de l'Autorité de sûreté nucléaire face à EDF. Trop souvent, les dirigeants politiques rassurent la population en affirmant que l'on peut avoir confiance dans la prétendue "compétence" de l'ASN et sa supposée "indépendance".

Il convient au contraire de ne pas se laisser abuser par les formulations récurrentes comme "cet évènement est survenu dans la partie non nucléaire de l’installation" (alors que cela peut aboutir à un accident… dans la partie nucléaire !) ou "La sûreté des installations n’a pas été mise en cause" (comme s'il fallait attendre un accident réel pour réagir !).

Pas plus que celle du Japon l'Autorité de sûreté française n'est une garantie contre une catastrophe nucléaire. Pour mémoire, le Japon fonctionne en continu depuis octobre 2013 avec 0% de nucléaire : c'est assurément la seule mesure de "sûreté nucléaire" qui soit véritablement efficace…

 

(*) http://www.asn.fr/content/download/96015/689541/version/1/file/INSSN-STR-2015-0167.pdf


Observatoire du nucléaire