Communiqué du 29 février 2012

 

Electricité - Echanges France-Allemagne :
la désinformation du cabinet Sia Conseil

- Il est trompeur de prétendre que la France a "gagné 360 millions" du fait de l'arrêt de 8 réacteurs allemands

- La France est importatrice depuis l'Allemagne en continu depuis 30 jours

- Ce n'est qu'en important que la France nucléaire a passé la vague de froid de février

 

Le Cabinet Sia Conseil, réputé pour son soutien sans faille à l'atome et pour son engagement contre les énergies renouvelables, vient de communiquer de façon particulièrement trompeuse sur la question des échanges électriques France-Allemagne.

L'objectif du cabinet Sia Conseil est de :

- faire croire que l'Allemagne a commis une erreur en fermant 8 réacteurs nucléaires après la catastrophe de Fukushima.

- faire croire que la France tire avantage, en particulier financièrement,  de la décision allemande de sortir du nucléaire

- par déduction, faire croire que la France a tout intérêt à maintenir son parc nucléaire

Cependant, les subterfuges de Sia Conseil sont simples à contredire car ils sont grossiers. Ainsi, Sia Conseil prétend que l'arrêt de huit réacteurs nucléaires allemands depuis mars 2011 a rapporté 360 millions d'euros sur neuf mois à la France, via l'électricité exportée outre-Rhin. Or :

- les données utilisées excluent arbitrairement les périodes d'hiver au cours desquelles c'est la France qui importe massivement depuis l'Allemagne, y compris depuis la fermeture de 8 réacteurs allemands.

- Sia Conseil "oublie" que l'Allemagne n'importe que le courant électrique et que les déchets nucléaires produits simultanément restent à la charge de la France ;

- Sia Conseil tente de réduire le débat à une question purement comptable, pour essayer de faire oublier que c'est la menace d'une catastrophe nucléaire qui est au coeur du problème ;

Loin de se moquer des allemands et de leur décision courageuse de fermer 8 réacteurs et de sortir rapidement du nucléaire, la France doit les féliciter... et les remercier : en effet, depuis le 30 janvier, soit plus de 30 jours, la France est continuellement importatrice d'électricité depuis l'Allemagne (*).

Ce n'est qu'avec ces importations que la France, en situation de forte dépendance électrique, a pu passer sans pénurie la récente vague de froid. Il va être édifiant - mais Sia Conseil s'en gardera bien ! - de mettre à jour le coût pour la France de ces importations massives d'électricité... et les gains réalisés à cette occasion par l'Allemagne.

D'autre part, les données de février 2012 montrent de façon indubitable que l'Allemagne est largement autosuffisante en électricité, puisqu'elle est même en capacité de sauver la France en même temps.

De fait, lorsque l'Allemagne importe du courant français hors des périodes hivernales, ce n'est pas qu'elle soit incapable de produire elle-même l'électricité dont elle a besoin : c'est tout simplement parce qu'il est plus intéressant pour l'Allemagne d'importer de l'électricité nucléaire dont la France se débarrasse à bas prix quand la demande est faible. L'Allemagne s'évite ainsi la mise en service de centrales thermiques qu'elle garde "sous le coude" pour les périodes de forte demande comme l'hiver.

Enfin, il ne faut pas oublier que, en sortant du nucléaire, l'Allemagne se met en situation d'éviter de subir une catastrophe nucléaire sur son sol. Elle reste néanmoins sous la menace d'une telle catastrophe en France, cette dernière mettant en effet en danger toute l'Europe, ce qui ne semble guère émouvoir le cabinet pronucléaire Sia Conseil.

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(*) La France est importatrice d'électricité depuis l'Allemagne quasiment en continu, à savoir 24h/24, depuis le 30 janvier 2012. Durant cette période, la France a été très légèrement exportatrice vers l'Allemagne pendant 9 heures, à savoir 1% du temps : le 2 février de 16h à 18h, les 3 et 13 février de 17h à 18h, le 14 février de 8h à 12h, et le 27 février de 4h à 5h.
Données officielles consultables ici : http://clients.rte-france.com/lang/fr/visiteurs/vie/tableau_de_bord.jsp

 


Observatoire du nucléaire