Observatoire du nucléaire - Communiqué du 22 janvier 2014

Nucléaire - Convois entre Langon et Golfech :
quand EDF s'apprête à gaspiller 100 milliards

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Le parc nucléaire d'EDF, composé de 58 réacteurs, est vieillissant et extrêmement usé : le quotidien les Echos, pourtant fervent supporter de l'atome, a souligné le 17 janvier que, pour 2013, le taux de disponibilité des centrales EDF est tombé à 78%. Cela signifie que, en moyenne, chaque réacteur est resté arrêté un jour sur quatre : pas terrible pour des gens qui raillent le fonctionnement intermittent des éoliennes.

Pour comparaison, le parc nucléaire des USA a un taux de disponibilité d'environ 90% ! Qui plus est, sachant qu'un jour d'arrêt coûte environ 1 million d'euros à EDF, et que les problèmes se démultiplient avec le vieillissement des réacteurs, il est facile de comprendre que le nucléaire français est proche de l'impasse.

C'est pour tenter de sauver ce qui peut l'être encore que EDF a décidé de lancer un programme de rénovation - ou plutôt de rafistolage - de ses réacteurs, pompeusement baptisé "grand carénage". Annoncé dans un premier temps à un tarif déjà prohibitif de 45 milliards, ce programme coûtera en réalité 70, ou 80, voire 100 milliards (voir informations parues dans le presse ces dernières semaines).

Ces investissements ruineux n'empêcheront pas le parc nucléaire de continuer à se désagréger. Il faut d'ailleurs rappeler que les réacteurs "français" sont en réalité américains : EDF a payé fort cher les licences à Westinghouse au début des années 70. Or, les USA ont commencé à fermer définitivement leurs réacteurs : c'est le cas de 5 d'entre eux ces derniers mois, y compris la centrale de Kewaunee (Wisconsin) malgré la prolongation de 20 ans accordée de façon irresponsable par la NRC : l'autorité de sûreté des USA est donc bien moins raisonnable que les propriétaires de centrales eux-mêmes !

Les convois gigantesques que EDF entend organiser entre Langon et Golfech sont donc un maillon de ce ridicule et ruineux programme de "grand carénage" qui va aggraver de façon considérable la situation d'impasse dans laquelle l'industrie atomique a placé la France. Les citoyens auront toute légitimité à se mobiliser pour s'opposer à ces convois aussi inutiles que dangereux.



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Rappel :

Sud-Ouest - 22 janvier 2014

Le convoi de l’extrême entre Langon et Golfech

 

Au bout de la flèche d'un tracteur de belle taille est accrochée une remorque d'une trentaine de mètres de long. Elle est prolongée par une deuxième flèche reliée à un autre tracteur. Au total, cet engin motorisé est long comme un demi-terrain de football. Engin exceptionnel pour un convoi qui ne l'est pas moins… soit plus de 50 mètres et d'une emprise de 5 mètres de large.

Le convoi a quitté Langon lundi après-midi et devrait rejoindre d'ici le 5 février la centrale nucléaire de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne. EDF en a décidé ainsi et a confié l'organisation de ce convoi à la société Courcelle de Toulouse. Pendant une semaine, les spécialistes ont composé le convoi comme un immense mécano au pied de la grue EDF installée sur les bords de la Garonne à Langon (33).

Une grue a été mise en place au moment de la construction de la centrale nucléaire au début des années 1990. Elle a été utilisée pour débarquer des composants transportés par barge sur la Garonne.

Ils étaient placés sur des camions et convoyés jusqu'à la centrale. Une fois la centrale terminée, la grue n'a plus été utilisée. Un temps, elle est passée dans le giron d'Airbus qui débarquait les composants de l'A 380 de la Garonne pour emprunter, jusqu'à Toulouse, l'itinéraire grand gabarit. Finalement, Airbus a créé ses propres installations et la grue est revenue à EDF en 2010.

Un camion et deux tracteurs

Aujourd'hui, l'agence logistique nationale d'EDF veut vérifier si ce moyen d'acheminement de pièces à très forte densité est toujours utilisable. Ou pas. « Ainsi, éventuellement, dans les années à venir, on pourrait utiliser ce système pour transporter des gros composants », indique Jérémy Six, directeur adjoint de l'agence logistique nationale d'EDF.

« C'est ce qu'on appelle une remorque modulaire lourde à trois files. C'est-à-dire à trois rangées d'essieux. Cette remorque est capable de transporter des charges très lourdes, de l'ordre de 400 tonnes. Elle s'organise en trois modules de six essieux », explique Éric Calmel.

Le responsable de la logistique de la société Courcelle basée à Toulouse poursuit : « Pour franchir le pont Beauregard à Agen, afin de mieux répartir la charge, nous rajouterons même quatre lignes supplémentaires, des modules à deux files et à une demi-file. Cette remorque est tractée par un camion et on peut ajouter un, voire deux tracteurs derrière pour pousser. Les chauffeurs se coordonnent au moment des changements de vitesse. La remorque est articulée pour pouvoir franchir les virages. Une semaine est nécessaire à son montage ».

Autoroute coupée à Sérignac

Par deux fois, à la sortie de Langon lundi soir et à Sérignac-sur-Garonne, près d'Agen, le convoi traverse l'autoroute. « Il est trop lourd pour emprunter les ponts. Un arrêté préfectoral est pris pour stopper la circulation quelques minutes, au beau milieu de la nuit, pour permettre au convoi de traverser les quatre voies de circulation au préalable débarrassées de leurs glissières de sécurité. Les pelotons autoroutiers de la gendarmerie organisent des bouchons et paralysent la circulation quelques minutes, le temps de laisser passer ce convoi ».

Un convoi plus large que les quatre voies de l'autoroute. Il traverse aussi, de manière spectaculaire, des communes. Comme hier après-midi, celle de Bazas où il est resté bloqué après s'être embourbé au rond-point de Lidl.

 


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