Note : ce communiqué a été rédigé du vivant de M. Georges Charpak, décédé le 29 septembre 2010


 

Observatoire du nucléaire - Communiqué du mardi 10 août 2010

 

L'Observatoire du nucléaire appelle

Georges Charpak à aller plus loin

 

 

Le projet de réacteur "de 4ème génération" est aussi absurde que celui d'Iter

 

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L'Observatoire du nucléaire prend bonne note de la position du prix Nobel de physique (1992) Georges Charpak qui, avec certains de ses collègues, se prononce (cf http://bit.ly/9xANdh ) contre la construction du réacteur ITER (fusion nucléaire). M Charpak rejoint enfin sur cette position le regretté Pierre-Gilles de Gennes, lui-même prix Nobel de Physique un an plus tôt (1991).

 

Pour autant, M Charpak fait une lourde erreur en promouvant, à la place d'ITER, la mise au point d'un réacteur nucléaire dit "de 4ème génération". Cette appellation est d'ailleurs une pure invention publicitaire de l'industrie nucléaire : il s'agit en réalité d'une nouvelle tentative de mettre au point un surgénérateur.

 

Divers modèles de réacteurs sont mis en avant dans le projet international dit "Forum génération 4", pour donner une impression de diversité des recherches mais, finalement, c'est toujours le modèle "surgénérateur à caloporteur sodium" qui reste en course, c'est-à-dire une réédition des projets qui déjà ont échoué comme celui de Superphénix en France.

 

Il faut en effet se souvenir de l'échec cuisant du surgénérateur Superphénix, arrêté définitivement en 1998, ainsi que des expériences similaires menées dans d'autres pays (USA, Russie, Japon, Inde) qui n'ont jamais rien donné. Le surgénérateur japonais de Monju (lui-même à caloporteur sodium) a d'ailleurs été l'objet d'un très grave accident en décembre 1995, un an seulement après sa mise en service, et est resté arrêté pendant… près de 15 ans. Il vivote depuis, sans réaliser aucun des "miracles" annoncés.

 

Les industriels du nucléaire prétendent en effet que les surgénérateurs pourraient "produire plus de matières fissiles qu'ils n'en consomment" mais aussi "incinérer les déchets radioactifs". Il ne s'agit là que de promesses qui n'ont aucune chance de se réaliser, ce qui est d'ailleurs reconnu involontairement par l'industrie nucléaire car, autrement :

- pourquoi les plus radioactifs de ces déchets sont-ils vitrifiés, ce qui empêche définitivement toute réutilisation ?

- pourquoi ne sont pas stoppés immédiatement les travaux du site de Bure (Meuse), consacrés à l'enfouissement définitif de ces déchets nucléaires ?

 

Et même si des surgénérateurs étaient finalement mis au point, il faut savoir que leur fonctionnement nécessiterait des usines comme celle de La Hague, qui est terriblement polluante, et une production massive de plutonium, lequel sert aussi à fabriquer des armes atomiques. Il est donc avéré que M Charpak et ses collègues commettent une grave erreur en prétendant que les surgénérateurs pourraient fournir "une énergie propre".

 

Tout comme Iter, le projet de réacteur dit "de 4ème génération" est une usine à gaz internationale, condamnée à l'échec, ruineuse, et porteuse de graves dangers pour l'environnement et les populations. Georges Charpak et ses amis devraient méditer cette déclaration de Pierre Gilles de Gennes : "Quoique grand défenseur des grosses machines communautaires il y a trente ans, et ancien ingénieur du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), je n'y crois malheureusement plus" (Les Echos, jeudi 12 janvier 2006).

 

La conclusion est simple : le projet de "réacteur de 4ème génération" doit être abandonné à l'instar du projet Iter.

 


OBSERVATOIRE DU NUCLEAIRE