Observatoire du nucléaire - Communiqué du 23 octobre 2013


Accord nucléaire en Grande-Bretagne : EDF a
utilisé des méthodes relevant de la corruption

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Lundi 21 octobre 2013, après des années de négociations commencées sous la précédente majorité (travailliste), EDF a annoncé avoir obtenu du gouvernement britannique un accord pour la construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR.

Rappelons d'abord que, en vertu des règles européennes, cet accord a de bonnes chances d'être annulé par la Commission européenne qui statuera dans environ un an. En effet, l'accord en question relève d'un véritable dumping, de lourdes subventions (publiques ou prélevées sur les factures des citoyens britanniques) venant rendre "rentable" une opération gravement déficitaire.

Le plus surprenant est que les politiciens britanniques se soient pliés à la plupart des exigences d'EDF et aient de fait accepté de livrer leurs concitoyens pieds et poings liés… pour les 35 années à venir. On sera moins surpris de ces curiosités en notant que, pour arriver à ses fins, EDF a utilisé des méthodes relevant de la corruption, possiblement sur le plan juridique, assurément sur le plan moral.

En effet, au fil des années, EDF a embauché et grassement rémunéré, directement ou indirectement, diverses personnes proches des décideurs politiques.

C'est par exemple le cas d'Andrew Brown (*), le propre frère du premier ministre Gordon Brown. Ce dernier s'est d'ailleurs fait rembourser 7000 euros de "personnel de ménage" par son frère qui, il est vrai, en avait les moyens grâce à la générosité "désintéressée" d'EDF.

Par ailleurs, le recrutement par EDF de John Hutton, ancien ministre britannique de l'Économie, et un des plus forts soutiens à la construction de centrales nucléaires, n'a été annulé que face au scandale qui commençait à poindre (**)

Autre exemple : pour faire aboutir son projet en Grande -Bretagne, EDF s'est offert les onéreux services de Justine Thornton, la propre femme d'Ed Miliband, leader du Parti travailliste (***). On comprend mieux le curieux consensus qui lie Conservateurs et Travaillistes sur ce dossier.

Nous ne serions pas étonnés que des proches des dirigeants Conservateurs aient aussi été rémunérés directement ou indirectement par EDF, car il est avéré que M. Proglio (pdg d'EDF) à l'habitude d'embaucher des proches des politiciens qui peuvent servir ses intérêts (****).

Une fois de plus, il est démontré que le nucléaire ne contamine pas seulement les êtres vivants et la nature, mais aussi la démocratie.


(*) http://www.rfi.fr/actufr/articles/113/article_80877.asp  
(**) http://www.theguardian.com/business/2009/oct/04/hutton-rejects-edf-energy-job
(***) http://www.telegraph.co.uk/earth/energy/nuclearpower/10394209/Ed-Milibands-wife-advised-EdF-on-Hinkley-Point-nuclear-deal.html
(****) http://www.marianne.net/Henri-Proglio-le-Pole-emploi-des-fils-a-papa_a227499.html

 


 

Lundi 21 octobre 2013
 
 
Accord nucléaire Londres-EDF : les plus gros mensonges
 
 
Les dirigeants d'EDF, accompagnés par la plupart des médias français, mentent effrontément concernant l'accord nucléaire Londres/EDF. Voici les principales rectifications à connaître.

 

- L'accord nucléaire EDF/Londres est définitif

FAUX.
Non seulement il reste encore quelques éléments à finaliser dans cet accord multipartites (Londres, EDF, le chinois CGNPC, peut-être Areva) mais, SURTOUT, cet accord va ensuite être étudié en détail - pendant environ une année - par la Commission européenne. Or, il y a de bonnes chances que cette dernière annule tout (cf communiqué ci-dessous ) car l'accord en question revient à subventionner massivement, avec l'argent public et/ou les factures des citoyens, une activité lourdement déficitaire.

 

- EDF va construire deux réacteurs EPR à Hinkley Point

PEUT-ETRE.
Mais le projet sera pratiquement anéanti si la Commission européenne annule l'accord Londres/EDF. Même les riches Chinois hésiteront à reprendre le projet sans de puissantes subventions publiques. 

 

- Cet accord est la preuve de l'attractivité du réacteur français EPR

FAUX.
En réalité, comme personne ne veut d'EPR, EDF a carrément racheté au prix fort (15 milliards) British energy, renommé EDF energy, pour que celui-ci commande des EPR. Ce sont donc finalement les Français qui vendent des EPR à des Français, grâce à l'argent d'EDF. La ficelle est grossière. et ruineuse.

 

- Cet accord est la preuve de la rentabilité du nucléaire

FAUX.
Au contraire, la production d'électricité avec de nouveaux réacteurs nucléaires est une activité tellement déficitaire que EDF a exclu de se lancer sans de puissantes subventions publiques et, surtout, sans un prix d'achat garanti par Londres qui devra couvrir les pertes du projet pendant... 35 ans !

 

- Si la construction des réacteurs a vraiment lieu, cela rapportera de l'argent à la France

FAUX.
Les rares précédentes ventes d'EPR ont été de graves flops financiers pour la France car, pour convaincre des acheteurs de se lancer, les EPR ont été bradés à 3 milliards (EPR vendu à la Finlande), 3,5 milliards (EPR vendu.. à la France), et 3,6 milliards les deux (EPR bradés à la Chine). Or les chantiers de Finlande et de Flamanville montrent que le coût réel d'un EPR est environ de 10 milliards.
Cette fois, l'EPR semble être vendu à un prix beaucoup plus proche du coût réel : 9,5 milliards par réacteur. Mais c'est EDF (plus précisément sa filiale EDF energy) qui les achète, les Français sont donc les premiers à payer le vrai coût - ruineux - des EPR ! Cf http://reacteur.epr.free.fr

 

- Cet accord signe le "grand retour" du nucléaire en Grande-Bretagne

FAUX.
Quand bien même les deux réacteurs annoncés verraient le jour, probablement dans plus de 10 ans, la réalité est que de nombreux réacteurs britanniques, très âgés, vont fermer entre temps. C'est en particulier le cas de ceux rachetés en 2008 par EDF lors de son acquisition de British energy : pour construire peut-être de nouveaux réacteurs, EDF est d'abord devenu propriétaire d'antiquités.
Londres prétend faire passer de 18% à 40% la part du nucléaire dans la production nationale d'électricité, or il est bien plus probable de voir cette part passer en dessous des 10%...

 

- Cet accord signe le "grand retour" du nucléaire sur la planète

FAUX.
La part du nucléaire dans l'électricité mondiale est passée de 17% en 2001 à 9,5% aujourd'hui. Il y a bien quelques dizaines de réacteurs en chantier (principalement en Chine), lancés avant Fukushima, mais ils seront très loin de compenser les centaines de réacteurs qui vont fermer dans les 20 ans : la majorité des 380 réacteurs encore en service sur Terre sont très anciens et ont commencé à fermer. Sans parler de ceux qui pourraient bien causer entre temps de nouvelles catastrophes.
Cf http://observ.nucleaire.free.fr/wna-censure-effondrement-nuc.htm

 


 

Observatoire du nucléaire - Communiqué du 17 octobre 2013

 

 

 

Accord nucléaire EDF/Londres :

Des réacteurs ultra-subventionnés…

…mais qui ne verront jamais le jour

 

 

- le nucléaire est tellement déficitaire qu'il nécessite de lourdes subventions publiques…

- … qui vont assurément être annulées par Bruxelles : l'accord EDF/Londres n'est qu'un coup de bluff

 

 

 

C'est avec tambours et trompettes que les dirigeants d'EDF et ceux du gouvernement britannique s'apprêtent à célébrer, lundi 21 octobre, la signature d'un accord pour la construction de deux réacteurs de type EPR. Ces gens ont tout intérêt à bien profiter du champagne qui coulera probablement à flot à cette occasion… car la "gueule de bois" qui les attend sera assurément mémorable.

 

En effet, il est extrêmement probable que l'accord en question sera annulé par la Commission européenne, tant il est incompatible avec la fameuse "concurrence libre et non faussée" qui, une fois n'est pas coutume, aura donc un effet favorable pour les citoyens.

 

Il faut dire que la production d'électricité avec des réacteurs nucléaires est une activité tellement déficitaire qu'elle ne peut se concevoir qu'avec de très lourdes subventions publiques. C'est encore plus vrai avec le réacteur français EPR qui est archaïque avant même d'entrer en service : il a été conçu au début des années 90, et Areva et EDF sont incapables de le construire sur leurs chantiers respectifs de Finlande et de Flamanville (Manche).

 

EDF n'a donc répondu positivement aux désirs du gouvernement britannique de voir construire de nouvelles centrales nucléaires… qu'à la condition absolue que les pertes financières, aussi lourdes que probables, soient épongées par l'argent public ou, ce qui revient au même, par les factures d'électricité des Britanniques.

 

Nous constatons donc que l'industrie nucléaire, qui prétend pourtant depuis des décennies être la plus rentable qui soit, et pouvoir produire de l'électricité à un coup extrêmement faible, ne peut exister que sous puissante perfusion d'argent public.

 

Soit par bêtise, soit corrompus - par exemple, EDF n'a pas hésité, sous la majorité précédente, à embaucher… le frère de Gordon Brown - les dirigeants britanniques sont donc décidés à rembourser à EDF ses pertes… pendant 35 à 40 ans (!), et en assurant un prix d'achat du mégawattheure nucléaire inouï : 109 euros, le double du prix de gros actuel (!).

 

Mais voilà : cet accord insensé, relevant du plus grossier dumping et de la vente à (lourdes) pertes, n'a quasiment aucune chance de passer par le filtre de la Commission européenne, qui l'annulera assurément.

 

Et ce d'autant que, le 8 octobre, les dirigeants pronucléaires de divers pays européens, emmenés bien entendu par les Français et les Britannique, ont subi un revers décisif (cf Financial Times, http://on.ft.com/1bR7YnP ) : ils espéraient amener la Commission européenne à évaluer les aides publiques au nucléaire avec les mêmes critères que pour celles attribuées… aux énergies renouvelables.

 

Or, grâce à l'Allemagne, appuyée par divers pays opposés au nucléaire comme l'Autriche, cette offensive a été repoussée. Bruxelles va donc lancer avec les critères actuels, une enquête approfondie qui va durer plus d'un an - ce qui souligne l'absurdité des articles qui, ces jours-ci, annoncent pratiquement le début des chantiers EPR ! - et qui se terminera très probablement par la fin du rêve d'EDF de construire des EPR en Grande-Bretagne.

 


Observatoire du nucléaire