Un document « confidentiel défense » montre la vulnérabilité du réacteur nucléaire EPR

AFP - 24/11/2003 - Un document classé "confidentiel défense" et émanant d'EDF "démontre les faiblesses du réacteur nucléaire EPR face au risque de chutes d'avions de ligne", affirme le réseau Sortir du nucléaire lundi dans un communiqué.

Selon le réseau, qui revendique l'adhésion de quelque 650 associations écologistes et anti-nucléaires, "le gouvernement et EDF, pour imposer la construction du réacteur nucléaire EPR, veulent cacher aux citoyens les informations qui leur permettraient de se faire un avis sur ce réacteur". Le réacteur européen à eau sous pression (EPR) est destiné à prendre le relais des 58 réacteurs qui équipent actuellement les dix-neuf centrales nucléaires françaises. Le gouvernement doit décider prochainement la construction d'un "démonstrateur" de ce réacteur de troisième génération qui pourrait être connecté au réseau vers 2010-2012.

"Contrairement à ce qui est avancé officiellement, le réacteur EPR n'offre pas plus de garantie de sûreté que les réacteurs actuels par rapport au risque terroriste", a indiqué à l'AFP le porte-parole du réseau Stéphane Lhomme.

Le réseau écologiste, en publiant ce document, souligne d'autre part que le classement "secret défense" de ce type d'information "ne réduit en rien la vulnérabilité du nucléaire face à d'éventuels attentats (...), tout en interdisant aux militants associatifs d'informer leurs concitoyens sur les dangers du nucléaire".

Un porte-parole d'EDF, Olivier Loriot, a indiqué de son côté que la société ne ferait "aucun commentaire en raison du caractère +confidentiel défense+ de ce document".


Document "confidentiel défense" sur EPR: Patrick Ollier (UMP) demande une enquête

25/11/2003 - AFP - Patrick Ollier, président (UMP) de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée, a demandé mardi l'ouverture d'une "enquête administrative", à la suite de la diffusion par le réseau "Sortir du nucléaire" d'un document classé "confidentiel défense" sur le futur réacteur nucléaire EPR. Ce document, publié lundi par ce réseau, qui regroupe plusieurs centaines d'associations écologistes et anti-nucléaires, démontrerait "les faiblesses" du futur réacteur face au risque de chutes d'avions de ligne. Alors que la commission des Affaires économiques auditionnait mardi François Roussely, président d'EDF, M. Ollier "a tenu à condamner énergiquement" la diffusion de cette lettre confidentielle, a annoncé un communiqué de la commission. M. Ollier "regrette que ce genre de document, au caractère anodin par son contenu, et qui semble donc n'avoir aucun intérêt stratégique, puisse être rédigé et diffusé au mépris du secret défense", a ajouté le communiqué.. Dénonçant "le caractère démagogique et politicien" du réseau "Sortir du nucléaire", M. Ollier "demande qu'une enquête administrative permette de connaître l'origine de l'indiscrétion afin que des sanctions soient prises", selon le communiqué.

 


 

NUCLÉAIRE - Un document «secret défense» dévoilé
Le futur réacteur EPR vulnérable aux chutes d'avions

Le Figaro - [25 novembre 2003] - Yves Miserey


Le bras de fer qui oppose le réseau d'associations «Sortir du nucléaire» aux pouvoirs publics a franchi hier une nouvelle étape. L'association a rendu publics des documents classés «secret défense» sur les capacités de l'EPR, le futur réacteur nucléaire de troisième génération, à résister aux chutes d'avions de ligne. Une possibilité étudiée depuis le 11 septembre.

Le réseau associatif a intercepté une lettre «confidentiel défense» de Bruno Lescoeur, directeur de la branche énergie EDF, destinée à la DGSNR (1), l'administration responsable de la sûreté nucléaire en France. Son directeur général, André-Claude Lacoste, avait demandé à EDF des précisions sur les capacités de résistance de l'EPR à un acte de terrorisme, dans la ligne de celui du World Trade Center.

A EDF, où l'on reconnaît l'authenticité de cette lettre, on se refuse à tout commentaire, ce document ayant un caractère «secret défense». André-Claude Lacoste, directeur général de la DGSNR, fait observer que l'attentat du 11 septembre a modifié les exigences en matière de sûreté pour les centrales nucléaires et que ces préoccupations sont tout à fait normales. Il relève aussi que ce document n'était pas encore finalisé. Les antinucléaires estiment pour leur part qu'il «démontre les faiblesses du réacteur nucléaire EPR face aux chutes d'avions de ligne».

C'est la première fois que des documents confidentiels concernant la sécurité des centrales nucléaires sont divulgués par une association en France. Cette polémique intervient dans un contexte bien particulier. En effet, aujourd'hui, l'avenir du nucléaire en France est lié à celui de l'EPR, le réacteur à eau pressurisée européen présenté comme plus sûr, plus propre et moins cher que ses prédécesseurs.

Des échéances importantes se profilent à l'horizon : le projet de loi d'orientation sur les énergies devrait bientôt être présenté en Conseil des ministres et soumis au vote du Parlement au début de l'année prochaine.

Les antinucléaires accusent le gouvernement d'avoir déjà arrêté sa décision de commander la construction d'un prototype EPR qui pourrait être connecté au réseau électrique au cours de la prochaine décennie. Une autre pomme de discorde est apparue au cours de l'été : le 24 juillet dernier, un arrêté a classé «secret défense» la protection et le contrôle des matières nucléaires.

(1) Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection

 


Observatoire du nucléaire